Du passif au cas d’école

Collège du Biéreau à Louvain-la-Neuve

Du passif au cas d’école

Construits il y a une trentaine d’années pour faire face à la croissance démographique rapide de Louvain-la-Neuve, les bâtiments du collège du Biéreau ont rapidement fait apparaître des problèmes de structure, de confort, de gestion, de coûts énergétiques… Vu la situation, la direction a lancé un pari sur l’avenir en construisant une toute nouvelle école maternelle et une salle de gymnastique aux normes passives. Un exemple qui devrait faire école.

 

Au début des années septante, les préoccupations énergétiques et le développement durable ne faisaient pas partie du vocabulaire. A Louvain-la-Neuve, les projets de construction ont poussé comme des champignons car il fallait répondre rapidement à un boom démographique. Le collège du Biéreau n’a pas échappé à la règle. Outre à des problèmes de stabilité et à des factures énergétiques colossales, l’établissement a aussi été confronté au vandalisme. Le site est en effet très peu contrôlé socialement, explique l’architecte Pierre Somers, de Trait Architects.

 

Démarche durable

Initialement, la direction de l’école souhaitait rénover les bâtiments de l’aile maternelle. Malheureusement, la base n’étant pas idéale, la démolition est devenue inévitable. Le nouveau projet devait s’inscrire dans une démarche de développement durable, poursuit l’architecte. En tant qu’auteur du projet, notre travail était d’étendre la réflexion à toutes les composantes du projet : choix des matériaux, techniques constructives, économies d’énergie à court et long termes, entretien du bâtiment, … Lorsque le standard passif a été évoqué, la norme s’est imposée telle une évidence. Et ce, malgré les moyens limités de l’établissement scolaire.

 

Le bois, incontournable

FR-BE>Dès lors que l’on aborde le choix des matériaux, déclare Pierre Somers, normal>le bois est un incontournable de par ses nombreux avantages : puits de carbone, faible énergie grise, facilité de mise en œuvre, … Pour diverses raisons, notamment liées à l’obligation de marché public, l’architecte a prôné un principe constructif mixte, alliant les avantages des différents matériaux : murs intérieurs en blocs, dalle en béton et enveloppe en ossature bois fortement isolée avec des flocons de cellulose.

 

Ossature bois classique

L’ossature bois est relativement classique. D’une épaisseur d’environ 30 cm, les parois se composent (de l’intérieur vers l’extérieur) d’une finition, d’un lattis, d’un frein vapeur (Intello), de poutres en I (TJI/FJI), de flocons de cellulose, de panneaux en bois extérieurs (Cellit), d’un vide ventilé et d’un parement en briques ou ardoises. En toiture (plate), l’épaisseur de l’ossature varie entre 35 et 40 cm.

 

Grandes ouvertures

De par la fonction scolaire du bâtiment, plusieurs grandes ouvertures de 4,65m de large sur 2,90 m de haut ornent les façades. Plutôt que de travailler avec des colonnes en béton intérieures comme points d’appui, nous avons préféré intégrer des profilés métalliques directement dans l’ossature bois, pointe Pierre Somers. Sans le moindre problème de pont thermique compte tenu de leur section réduite par rapport à l’épaisseur de l’ossature bois et de l’isolation.

 

Passif versus scolaire

Contrairement à ce que pourraient croire certains, allier le standard passif à la fonction scolaire présente de nombreux avantages, nous confie l’architecte :

  • le taux d’occupation d’une classe (3 m²/pers.) étant beaucoup plus élevé que celui d’une habitation (30 m²/pers.), les apports de chaleur internes sont non seulement plus élevés mais également plus constants ;
  • la forte densité d’occupation nécessite un renouvellement d’air plus conséquent (sur base de la norme de 30 m³/h/personne, on arrive à un besoin de renouvellement de 750 m³/h dans une classe, contre 150 m³/h dans une habitation), ce qui accroît et le rendement et la pertinence de la ventilation mécanique double flux ;
  • la gestion de la ventilation favorise en outre une qualité d’air supérieure, que ce soit en termes de CO² ou d’hygrométrie. 99% des écoles n’ont aucune maîtrise de la ventilation, d’où des taux de CO² épouvantables (faut-il s’étonner que les enfants s’endorment en classe ?). Par ailleurs, la VMC permet d’éviter les odeurs désagréables dans les sanitaires, une plaie bien connue dans les établissements scolaires ;
  • La compacité, ou rapport entre la superficie utile et la superficie de déperdition, est un facteur prédominant pour atteindre les performances du standard passif. Ce facteur favorise les grands bâtiments tels que les écoles.

 

Bien que ce ne soit pas une spécificité ni des écoles, ni du standard passif, la surchauffe reste probablement un des facteurs les plus sensibles pour les écoles passives, notamment en raison des nombreuses baies vitrées. Diverses mesures sont toutefois possibles, comme les dépassements de toiture, l’aménagement de stores extérieurs ou encore l’installation d’un puits canadien, qui pré-refroidit efficacement l’air extérieur alimentant la ventilation en été (entre 5 et 10°c).

Dans le cas d’une école, la nécessité de compacité pousse souvent à une distribution centrale. L’aménagement de classes des deux côtés d’un couloir implique inévitablement qu’une partie des classes ne pourra bénéficier d’une orientation optimale vers le sud. Ici, nous avons proposé des châssis d’angle pour solutionner le problème dans les classes moins bien orientées. Il s’agit d’un petit handicap, que l’on peut toutefois se permettre au vu des autres avantages évoqués ci-avant, affirme Pierre Somers.

 

Implication des enseignants

Dès le début, quelques enseignants intéressés ont participé aux consultations, visites de chantiers passifs et autres réunions de travail avec l’architecte. Le projet a largement dépassé le cadre de la construction et est devenu un projet d’établissement (gestion de l’énergie, des déchets, de l’eau). Aussi bien les enfants que les parents ont été sensibilisés à la prise de conscience environnementale. A titre d’exemple, les deux portes du sas d’entrée de l’école maternelle ne restent jamais plus ouvertes en même temps. Une petite révolution dans une école…

 

Budget

Malgré les moyens financiers limités de l’école, la direction a prouvé qu’il était possible de construire selon le standard passif tout en respectant les normes financières de la Communauté française. Le bâtiment a coûté 1280 EUR/m² HTVA. Selon les estimations, l’investissement passif et environnemental sera rentabilisé dans environ 12 ans.

 

 

Plus d’informations

www.trait-architects.eu

Code postal : 1348
Bardage : /
Localité : Louvain-la-Neuve
Bois labellisé : /
Fonction : Enseignement
Plancher : /
Type de construction : Construction neuve
Parquet : /
Situation : /
Escalier : /
Structure : /
Menuiserie intérieure : /
Menuiserie extérieure : /
Autre : /

Trait-architects
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