Le propriétaire du Vignoble du château de Bousval souhaitait un chai durable. Charly Wittock, du bureau d’architecture AWAA, lui a sorti un grand cru architectural. Un bâtiment en bois (CLT) pour s’intégrer au mieux dans le paysage.
Tout comme le bon vin, le chai du Vignoble du château de Bousval a eu le temps de mûrir dans les meilleures conditions. Avant même de planter ses premières vignes, le propriétaire a demandé à son architecte de réfléchir à un chai élégant, fonctionnel et durable.
Construis-moi un chai
Sans expérience dans ce domaine, nous avons d’abord visité de nombreux vignobles, explique Charly Wittock, architecte chez AWAA. Alors que les chais récents ont tendance à recourir à énormément de technologies modernes, nous avons préféré revenir aux bases des chais traditionnels en adoptant une approche la plus artisanale possible et la moins mécanisée.
Obtention des permis
Ce choix impliquait une implantation du bâtiment la plus proche possible des vignes, pour limiter les transports, et pas dans le bas de la vallée, comme l’aurait souhaité l’urbanisme. Nous nous trouvions par ailleurs en zone agricole et forestière à proximité d’une zone Natura 2000. Autant dire qu’il n’a pas été simple d’obtenir le permis. C’est notamment pour cette raison que nous avons cherché à ce que le bâtiment se confonde dans le paysage.
Bardage en bois noir
Pour l’intégrer au mieux dans l’environnement, le chai a été doté d’une toiture verte tandis que la partie visible de la construction est recouverte d’un bardage en douglas noir. Nous avons trouvé un fournisseur qui a accepté d’autoclaver le bois avec un pigment noir plutôt que vert. Visuellement, la construction se fond idéalement avec le sous-bois du décor, ajoute l’architecte.
Détail bon à savoir, un bardage en bois noir favorise l’échauffement du bois, ce qui peut entraîner deux effets indésirables, précise Hugues Frère, de Hout Info Bois. D’une part, le bois peut travailler davantage. Sur ce point, une mise en œuvre ajourée peut limiter les désagréments liés à la déformation. D’autre part, si le bois n’a pas été séché à plus de 60°C, on s’expose à un risque d’écoulement de résine, peu esthétique. Le séchage à plus de 60°C entraîne en effet une cristallisation de la résine, qui évite les risques de coulée à terme.
Le bois meilleur marché que le béton
En raison des nombreuses courbes du bâtiment, une ossature tout en béton aurait coûté beaucoup plus cher qu’une structure mixte béton/bois. La partie enterrée du bâtiment est en béton tandis que la partie visible a été réalisée en panneaux CLT. Aussi étonnant que cela puisse paraître, la construction en CLT a permis une économie d’environ 20%, affirme Charly Wittock. Outre l’économie, le bois a aussi accéléré le processus de construction grâce aux éléments pré-montés tout en réduisant l’impact sur le site du chantier.
Panneaux CLT
Pour s’assurer de travailler le bois dans les règles de l’art, le bureau d’architecture a collaboré avec Axel Ketele, artisan du bois et responsable de Timberframing. Une coopération jugée très complémentaire. Une expérience à reproduire.
C’est la première fois que nous utilisions le CLT à une telle échelle, enchaîne l’architecte. Vu la nature du projet, nous avons laissé le bois apparent en optant pour une finition intérieure brute. Le bois ajoute une touche chaleureuse tout en renforçant l’âme artisanale du projet.
Bois omniprésent
Le bois se retrouve un peu partout dans le projet. En plus de la structure, tant les châssis que les portes sont aussi en bois. Ici, les donneurs d’ordres ont privilégié l’Accoya, un bois acétylé. Même la signalétique a adopté le matériau bois, en combinaison avec des gravures au laser.
Le propriétaire semble ravi de la construction, conclut l’architecte. Les échos lors de l’inauguration du chai étaient également très positifs. Nous attendons avec impatience le feedback après les premières vendanges cet automne. À suivre…
Plus d’infos
copyright photos : Serge Brison
- AWAA