Un immeuble passif à Molenbeek-Saint-Jean
La commune de Molenbeek-Saint-Jean cherchait une nouvelle destination pour un terrain ferroviaire en friche. L’objectif était de donner d’un côté une injection verte au quartier et de combiner de l’autre côté un nombre d’habitations avec des dispositifs communautaires. Et ceci en prêtant attention à l’écologie. Le résultat est un immeuble passif dans lequel le bois joue un rôle important.
La Région de Bruxelles Capitale prévoit chaque année un budget pour un nombre de contrats de quartier. Ce sont des projets visant à revaloriser certains quartiers en réalisant des espaces publics, des espaces verts ou des habitations. Le projet L28 cadre dans un tel contrat de quartier. Un concours était organisé et B-architecten ainsi que les architectes paysagistes de Fondu Landscape Architects sont sortis vainqueurs.
L’immeuble a été élaboré comme une sculpture urbaine servant de point de repère, rejoignant directement l’espace vert nouvellement aménagé. Le rez-de-chaussée héberge les dispositifs collectifs : une crèche pour 24 enfants, un espace polyvalent pour les riverains et un local pour les gardiens de parc. Un bloc en forme de cube avec huit habitations repose sur ce socle. Chaque habitation bénéficie d’une large vue sur les environs et dispose d’une belle terrasse qui s’aligne à l’espace de vie.
Les habitations répondent au standard passif grâce auquel elles ne consomment qu’un minimum d’énergie. Initialement, l’immeuble n’était pas conçu comme immeuble passif. Mais après avoir gagné le concours, la commune nous a demandé de revoir le projet dans ce sens, dit Liesbeth Storkebaum, responsable de projet chez B-architecten. En 2007, la commune avait notamment décidé que toute construction nouvelle devait être passive. Le projet avait été cette même année sélectionné comme immeuble exemplaire pour la Région de Bruxelles. Les immeubles exemplaires avec un niveau élevé en performances environnementales et énergétiques pouvaient à cette fin recevoir des subsides. L’emploi du bois correspondait évidemment le plus au concept demandé.
L’ossature de l’immeuble consiste d’une structure porteuse avec des dalles et des colonnes en béton. Il s’agit d’un projet ouvert qui peut être adapté sans trop de soucis si la commune le souhaite, explique Evert Crols, chef d’entreprise de B-architecten. La façade extérieure est emballée avec une couche isolante épaisse (40 cm) et revêtue de bois. Le bois n’était pas seulement un matériau intéressant en raison des avantages écologiques, mais le poids jouait également un rôle important. L’immeuble repose d’un côté sur des poteaux. C’est la raison pour laquelle nous étions à la recherche d’un matériau léger pour maintenir le poids le plus bas possible.
Le système de façade est entièrement composé de bois. Le système à cassettes préfabriquées en OSB est insufflée de flocons de cellulose. La structure en bois a par contre été montée. Pour le revêtement de façade, nous avons opté pour le pin thermo-traité amélioré (Thermowood), dit Liesbeth Storkebaum. L’empreinte écologique est faible puisqu’il s’agit d’une essence européenne. Grâce au durcissement thermique, le bois devient plus solide, plus dur et plus résistant. Afin de garantir une décoloration uniforme du bois, les planches de façade ont d’ailleurs été pré-grisées.
Les matériaux utilisés ont tous été choisis en fonction de leur bilan environnemental. Pour l’intérieur comme pour l’extérieur, notre préférence se portait sur des matériaux faciles d’entretien et écoresponsables. C’est pourquoi nous avons choisi le bois résineux, dit Liesbeth Storkebaum. Le revêtement de façade ne requiert aucun entretien dans l’avenir. Le bois continue bien évidemment à grisonner. En raison de la durabilité, nous avons choisi une essence tropicale (Paraju) labellisé FSC pour les sols des terrasses. La classe de dureté souhaitée est introuvable en bois résineux. Nous avons à cette occasion choisi du bois issu de gestion forestière durable.
Du bois résineux et du contreplaqué ont été utilisés pour les cloisons intérieures et les meubles de la crèche. Nous aimons travailler avec des matériaux structurés. Nous regardons au premier abord le dessin du bois et le rayonnement qu’il donne. C’est pourquoi nous ne peignons pas le bois ; nous le vernissons tout simplement.
‘Une façade en bois, est-elle sûre ?’ entendons-nous souvent. C’était notre plus grand défi, dit Evert Crols. L’immeuble devait naturellement répondre aux normes incendie. Le revêtement de façade en bois avait été traité afin d’obtenir les bonnes classifications et dispose d’une heure de résistance au feu.
Beaucoup de personnes n’ont pas encore l’habitude de vivre dans une habitation passive. Les nouveaux occupants ont reçu un manuel sur le mode de vie dans l’immeuble. Il est par exemple important de ne pas percer les façades extérieures avec des vis pour éviter que l’étanchéité à l’air soit perturbée. Le maître d’ouvrage a réfléchi proactivement et a prévu la possibilité de placer des antennes paraboliques sur le toit. Nous évitons ainsi que les gens percent des trous dans la façade et les occupants peuvent profiter davantage de leurs terrasses.
– Revêtement de façade: bois de pin Thermowood (Finnforest)
– Menuiserie extérieure passive : Accoya, liège, bois de pin (Ewitherm)
– Cassettes de façade en bois : panneaux OSB (Jonckheere Wood)
– Terrasses : Paraju, essence tropicale de classe I, labellisé FSC
– Cloisons intérieures et meubles : bois résineux et contreplaqué, labellisé FSC
Projet : B-architecten, www.b-architecten.be
Maître d’ouvrage: Commune de Molenbeek-Saint-Jean
Bureaux d’étude : Mouton (studieburomouton.be) & Gebotec (www.gebotec.be)
Coordination générale : Liesbeth Storkebaum
Entrepreneur : Gillion Construct sa (www.gillion.be)
Jardinier paysagiste : Fondu Landscape Architects (www.f-la.be)
Année de réalisation : 2011
Prix/m² : 1500 €/m² (hors subsides)
B-Architecten
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