Le plus haut immeuble de bureaux en bois à Bruxelles

D’ici peu, Bruxelles comptera son premier immeuble en R+8 en bois. Outre les avantages classiques de la construction bois, ce projet immobilier illustre aussi l’intérêt des chantiers plus rapides avec moins de nuisances pour les riverains en milieu urbain.

Dès le départ, le client de cet immeuble de bureaux avait marqué son intérêt pour le matériau bois. Nextensa, un investisseur et promoteur immobilier belge, souhaite en effet développer un portefeuille de bâtiments de plus en plus écologiques.

« L’objectif était de construire un bâtiment bas carbone offrant un environnement sain pour les occupants », explique Philippe Courtoy, spécialiste bois au sein de Wood Shapers, une entité du groupe de construction CFE.

Collaboration le plus tôt en amont

La construction en bois d’immeubles de grande ampleur nécessite des réflexes différents de la construction traditionnelle. D’où l’intérêt d’impliquer le constructeur bois le plus tôt possible dans le processus.

Ayant déjà collaboré à plusieurs reprises par le passé, les architectes de Archi 2000, les ingénieurs du bureau d’études WOW NEY et les spécialistes de Wood Shapers ont uni leurs forces à un stade précoce du projet. « Cette approche permet des gains de temps et d’efficacité appréciables », poursuit Philippe Courtoy.

Système constructif

Sur le plan constructif, les auteurs du projet ont opté pour une structure poteaux-poutres en bois lamellé-collé avec des planchers en CLT (cross laminated timber). La combinaison est idéale pour un immeuble de bureaux. En effet, le système de planchers massifs en CLT permet une distribution aisée des techniques spéciales tout en limitant l’encombrement entre deux étages.

Façade attachée aux planchers

Détail technique intéressant, la façade est reprise par les planchers en bois avec un porte-à-faux d’un mètre. Il s’agissait d’une volonté de l’architecte pour une question esthétique.

Sur le plan technique, détacher la façade de la structure a nécessité l’utilisation de renforts sur la partie supérieure des planchers pour éviter toute éventuelle déformation des poutres en bois. Concrètement, le constructeur a ‘liaisonné’ les trois éléments que sont les poutres, les planchers et les renforts métalliques) afin de limiter le fléchissement des éléments de planchers.

Contraintes liées aux bâtiments élevés

Les bâtiments en bois de grande taille doivent répondre à des exigences plus contraignantes que les immeubles en bois de petite taille. Ainsi, il est par exemple nécessaire de protéger les assemblables en prévoyant des habillages en bois au niveau des connexions métalliques pour offrir à ces éléments une tenue au feu de minimum 2h.

En termes de réaction au feu, la loi impose aussi que les voies d’évacuation, comme les cages d’escaliers ou d’ascenseurs, ne puissent contenir de bois apparent. Dans des espaces de bureaux paysagers, cette notion de ‘zone d’évacuation’ est toutefois beaucoup moins aisée à définir/localiser que dans un appartement ou un bureau fermé. Le maître d’ouvrage avait demandé une petite dérogation à ce niveau, pour éviter de protéger certains éléments en bois dans les bureaux paysagers, mais les services d’incendie ont estimé que même si tout le bâtiment était sprinklé, la totalité des bureaux devait être considérée comme zone d’évacuation.

« Il est dommage que chaque service d’incendie semble avoir parfois une interprétation différente de l’arrêté royal qui fixe le cadre légal des questions liées au feu », déclare Hugues Frère, directeur de Hout Info Bois, le centre belge d’information technique et de promotion valorisant le bois et son utilisation.

« Il serait intéressant d’uniformiser les positions et de s’inspirer des bonnes pratiques de pays étrangers à forte tradition bois où des projets de construction en bois beaucoup plus élevés sont soumis à des règles moins contraignantes mais plus adaptées à la construction bois », poursuit Philippe Courtoy.

Moins de nuisances pour les riverains

En comparaison avec une construction traditionnelle, ce chantier en bois a permis de boucler le gros œuvre fermé en 8 mois au lieu de 12. Un gain de temps appréciable tant pour le promoteur que pour les riverains. D’autant que le chantier est moins bruyant, moins poussiéreux et nécessite moins de charroi.

« Dans ce quartier européen de Bruxelles (Rue Montoyer), une riveraine excédée par la multiplication des chantiers de construction a récemment déclaré à un responsable du projet qu’elle rêverait que tous les chantiers soient en bois », poursuit notre interlocuteur. « Un message interpellant qui met clairement en avant les atouts de la construction bois en milieu urbain fort densifié ».

Et le prix ?

Difficile de comparer car les concepteurs n’ont pas chiffré différents cas de figure. « En coût direct, la construction en bois reste plus chère mais si l’on tient compte des coûts indirects, du prix carbone, de la plus-value à la revente (dans certains pays, le législateur impose déjà aux promoteurs immobiliers un pourcentage minimum de bâtiments bas carbone dans leur portefeuille, ce qui booste de facto la valeur des constructions en bois à la revente), de la déconstruction en fin de vie du bâtiment, la balance penche nettement en faveur du bois », conclut-il.

 

Plus d’infos

Donneur d’ordres : Nextensa, www.nextensa.eu/fr

Bureau d’études : WOW NEY, www.bureau-etudes-bois.be

Architecte : Archi 2000, www.archi2000.be

Construction bois : Wood Shapers, www.woodshapers.com

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