La société de logements de service public La Sambrienne aménage actuellement un éco-quartier à Mont-sur-Marchienne dont les immeubles à appartements sont entièrement construits en panneaux de bois lamellé croisé (CLT, cross-laminated timber). Un projet phare puisqu’il s’agit des premiers bâtiments en bois de 5 étages en Belgique.
A terme, l’ambitieux projet Les Closières développé par Igretec, Banneton-Garrino et PEC comprendra 600 logements sur un site de 17,8 hectares. Pour l’heure, un premier immeuble de 10 logements a déjà été érigé et un second est en cours de montage.
Du lamellé-collé au lamellé-croisé
Spécialiste belge du lamellé-collé, la société Lamcol de Marche-en-Famenne a cherché à diversifier son offre il y a quelques années. Philippe Courtoy, administrateur de l’entreprise du Groep Terryn, s’est alors lancé dans le panneau en bois lamellé-croisé, en créant le département habitat bois Buildinx. C’est à cette entreprise que le volet bois des constructions basse énergie à vocation sociale des Closières a été confié puisque Lamcol est sous-traitant (bureau d’études, structure CLT, isolation et bardages) de l’entreprise générale Hullbridge pour les deux premiers blocs.
Eco-quartier
Dans la philosophie de l’éco-quartier, la construction en bois s’est imposée naturellement. Le projet architectural sur cinq niveaux (rez + 4) a bien entendu influencé le système constructif vers le CLT. Aucune autre option n’a d’ailleurs été envisagée dans ce projet.
Délais de fabrication
Dès lors que le radier est posé, environ 6 mois sont nécessaires pour terminer la construction. Ce délai est extrêmement rapide par rapport à la construction traditionnelle. L’étude préalable avec les architectes, destinée à intégrer les techniques spéciales dans la préfabrication pour livrer des panneaux finis, a duré environ 6 semaines. La fabrication des panneaux (environ 6 semaines également) se déroule en deux phases : la fabrication du panneau brut, puis l’usinage. Nous pouvons donc encore finaliser l’étude pendant la première phase, explique Philippe Courtoy.
Montage
Le gros-œuvre de la structure du premier immeuble de 10 logements a été monté en 22 jours ouvrables avec seulement quatre hommes et une grue. La rapidité du montage est incontestablement l’un des points forts de la construction CLT. Par ailleurs, les murs intérieurs ont été pré-peints en usine pour limiter le travail sur chantier. Un simple nettoyage des murs suffit à la livraison. Pour la finition intérieure, les lames de bois des panneaux ne sont collées que sur une face (pas sur les tranches) afin d’éviter d’éventuelles gerces de séchage. Le panneau livré est donc déjà fini.
Isolation acoustique
D’un point de vue acoustique, une désolidarisation de 2 à 3 mm a été prévue entre chaque étage. Des membranes élastomères et des cornières acoustiques spéciales optimisent l’absorption acoustique et tous les câbles ont été noyés dans une masse projetée de billes de béton léger. A la demande de Buildinx, le Centre Scientifique et Technique de la Construction (CSTC) suit le chantier de près par la prise de mesures acoustiques régulières afin que ce bâtiment unique en son genre puisse faire office de référence pour les projets à venir.
Isolation
Extérieurement, Philippe Courtoy a opté pour une isolation en laine minérale Red-Rair (Rockwool). Là aussi, il s’agit d’une première en Belgique pour cette isolation déjà testée et approuvée aux Pays-Bas et au Danemark. Ces panneaux de 20 cm de laine minérale s’appliquent directement sur les panneaux en CLT (de 14 cm). Ne se dégradant pas avec la pluie et pouvant supporter une charge de 50 kg/m², cet isolant est ensuite pourvu d’un lattage pour accueillir le bardage en bois. Vu qu’ici les maîtres d’ouvrage ont opté pour un bardage ajouré, l’isolant a d’abord été recouvert d’une membrane pare-pluie résistante aux UV pour éviter que la lumière ne puisse le dégrader.
Protection incendie
Pour certains types d’immeubles (écoles) ou éléments de construction (cages d’escalier), les pompiers exigent une résistance au feu particulière. Dans ces cas, Buildinx applique un retardateur de feu en usine. La résistance à la stabilité est toutefois déjà très bonne pour les panneaux massifs en CLT.
Construction des panneaux
La société de Marche importe les panneaux bruts depuis la Suisse, l’Allemagne ou l’Autriche. Le choix du fournisseur dépend des spécificités du projet. Nous travaillons avec cinq fournisseurs et ne sommes donc pas dépendants d’un seul partenaire, déclare Philippe Courtoy. Vu l’offre disponible sur le marché, nous n’envisageons pas de produire nos panneaux nous-mêmes dans l’immédiat. Notre plus-value réside dans la sélection des bons panneaux en fonction des projets et dans l’usinage des panneaux bruts. Nous disposons en effet de tous les robots et de l’expérience nécessaires et pouvons compter sur un bureau d’études de 5 personnes (3 ingénieurs et 2 dessinateurs) en interne.
Projets d’avenir?
La demande de réalisations en CLT est considérable sur le marché du micro habitat, du logement collectif et du logement social. Le produit est très concurrentiel sur ces marchés. Nous sommes dès lors en train de nous structurer en tant qu’entreprise générale pour éviter d’entrer dans une logique de sous-traitance étant donné qu’une grande partie de la coordination de chantier des constructions en CLT s’opère déjà chez nous. A terme, nous envisageons de sortir d’usine les panneaux déjà isolés et bardés. Cela nous fera encore gagner en efficacité. A suivre puisque l’étude de rentabilité est en cours…
Plus d’informations :
Buildinx
www.buildinx.be
Prix adjugé : 1380 € m²
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