Dessine-moi un logement social en bois
En 2006, Hout Info Bois a proposé à deux Ministres régionaux wallons d’organiser un concours de projet d’architecture par province en Wallonie. L’objectif était de souligner l’intérêt de l’emploi du bois dans le logement public. Les projets devaient être réfléchis en matière d’économie d’énergie et en faveur d’une épuration des eaux optimale pour l’environnement. Ce concours a connu un vif succès auprès des architectes. Depuis l’été dernier, le projet de l’architecte ayant remporté le concours en région de Liège est devenu réalité. Les premiers logements sociaux en bois ont été inaugurés à Fontin, en région liégeoise.
Initié en 2006, le concours entendait dégager des projets exemplaires pour cinq sites (un par province wallonne) dont le suivi des chantiers serait ensuite confié à cinq sociétés de logement. Le site de Fontin, dans un quartier résidentiel, jouissait d’une situation dominante sur la vallée de l’Ourthe avec de belles vues sur la campagne environnante. Inspirés par la configuration des lieux, les architectes AM Goffinet, Jehoulet et Csik architects ont remporté ce concours.
Dans un souci d’amortissement des coûts, la Région a demandé aux architectes de revoir légèrement leur copie afin de prévoir trois logements au lieu d’un, sur une parcelle un peu plus grande. L’objectif étant de limiter le surcoût par rapport à une construction traditionnelle. ‘ Le défi était double ‘, explique l’architecte Nicolas Csik. ‘ D’une part, rester dans l’enveloppe budgétaire fixée et, d’autre part, conscientiser les entrepreneurs au respect des principes constructifs de la construction bois, comme par exemple l’importance de l’étanchéité à l’air. Ce second point n’a pas été des plus simples car les sociétés de logement attribuent le chantier au moins-disant. Ici, il s’agissait d’un maçon, qui a donc naturellement travaillé avec des sous-traitants. Mais ces personnes habituées au traditionnel n’avaient aucune expérience dans le domaine bois. Dans ce projet, le challenge résidait plutôt dans l’exécution que dans la conception. ‘
Techniquement, les logements sont scindés en deux parties : un socle en maçonnerie sur lequel repose un volume léger en ossature bois. De l’extérieur vers l’intérieur, la paroi des murs est composée d’un bardage horizontal en cèdre, d’un panneau pare-pluie ouvert à la diffusion de vapeur de 18 mm d’épaisseur (type DWD), de l’ossature bois remplis d’isolation en cellulose insufflée (160 mm d’épaisseur) et d’une membrane souple freine-vapeur. Cette membrane est renforcée pour le soufflage de l’isolation par un contre-lattage en bois sur lequel est appliquée une finition intérieure en plaques de carton-plâtre. Le vide technique entre la membrane et la finition est utilisée pour le passage des canalisations (électricité, chauffage, sanitaire) et est isolé en laine de roche de 4 cm d’épaisseur. Les menuiseries extérieures sont en méranti.
Sur la façade arrière, au premier étage, l’architecte a prévu une fenêtre qui occupe pratiquement toute la largeur de l’immeuble. Etant donné que le volume des habitations est relativement restreint et pour réduire la planche de rive au niveau de la gouttière, les concepteurs ont imaginé d’utiliser la poutre de soutien de la charpente comme partie supérieure du châssis. Un détail technique intéressant intégrant deux fonctions pour éviter de multiplier les poutres.
Réceptionné durant l’été 2012, le projet laisse un bon souvenir tant à la société de logements sociaux Ourthe Amblève Logement qu’à l’architecte. ‘ Il s’agit d’une très belle expérience dont nous sommes tout à fait satisfaits ‘, continue l’architecte. ‘ Dans l’absolu, le bois n’est pas forcément le médium le plus adapté à la réalité du logement social pour des projets de si petite envergure. Pas en raison du matériau mais bien du fonctionnement structurel de l’octroi des marchés au moins-disant, qui n’est pas nécessairement habitué à mettre du bois en oeuvre. Par contre, à une plus grande échelle, dès lors qu’on l’envisage pour un minimum d’une dizaine de logements, le bois présente de sérieux avantages par rapport à une approche traditionnelle car, selon l’architecte, le systématisme et le gain de temps liés à la construction des ossatures bois en atelier devraient même permettre de devenir plus concurrentiel qu’une construction classique.
Architecture : Air-Lab, www.air-lab.be
Prix : 345.000 € pour les 3 logements entièrement finis avec carport
Air-Lab
- Association momentanée Goffinet, Jehoulet, Csik - 8B, rue E. Ysaye | 4000 Liège
T. 04/277 89 20
E. info@air-lab.be
W. www.air-lab.be