Deux maisons passives à énergie positive
Voulant prouver qu’un immeuble passif n’était pas forcément un bunker et qu’un bien immobilier durable et économe en énergie ne devait pas nécessairement entraîner un surcoût pour l’acquéreur, l’architecte Christian Bayet vient de réaliser deux logements passifs à énergie positive. Et si le projet Klipveld à Uccle devenait le standard des maisons du futur ?
Force est de constater que certaines idées reçues sont bien ancrées. Prenez les immeubles passifs, par exemple. Pour le grand public, il s’agit de bunkers, à l’architecture lisse, aux petites fenêtres, qu’il est recommandé de ne pas ouvrir. ‘ Rien n’est moins vrai ‘, s’insurge l’architecte Christian Bayet.
‘ Mon épouse et moi-même avons cherché un terrain pour prouver qu’il était possible de faire une promotion passive à Bruxelles qui soit économiquement viable. En nous callant sur le prix du marché (immeuble neuf sur Uccle), nous sommes parvenus à démontrer qu’il était possible de construire selon des standards particulièrement performants sur les plans énergétiques et durables sans surcoût pour l’acquéreur ‘, explique l’architecte.
Plutôt que d’opter pour des maisons mitoyennes, les concepteurs ont privilégié l’idée d’emboîter deux logements de manière à offrir plus de diversité typologique, une architecture plus contemporaine et des volumes plus intéressants. Dotés tantôt de grandes baies vitrées, tantôt de hauteurs sous plafond de plus de 4m80, les deux logements vont à l’encontre de toutes les idées reçues grâce à un jeu habile sur des paliers successifs pour profiter un maximum des apports de lumière naturelle.
Le premier logement s’étend sur 193 m2 avec 4 chambres et jardin de 160 m2 tandis que le second, de type penthouse sur 179 m2, compte trois chambres et une terrasse de 45 m2. Les besoins en chauffage des logements sont de respectivement 12 et 9 KWh/m2/an et 100% de l’énergie nécessaire au chauffage, à la production d’eau chaude sanitaire et à l’électricité des bâtiments est produite sur site (en renouvelable).
D’un point de vue constructif, l’architecte a prôné une solution massive pour la partie basse du bâtiment et une ossature bois pour l’étage supérieur. Les caissons de façade sont composés de poutres FJI de 36 cm d’épaisseur insufflés de cellulose. Intérieurement, les caissons sont rigidifiés par des panneaux de particules hydrofuges qui réalisent également le frein à la vapeur. Extérieurement, ils sont refermés par des panneaux de fibre de bois.
‘ Le choix du bardage est toujours compliqué ‘, nous confie le maître d’ouvrage. ‘ Nous voulions un bois qui ne se détériore pas avec le temps, qui puisse être utilisé sans traitement, qui ne tende pas vers le rouge, que l’on puisse utiliser tant en bardage qu’en terrasse pour une plus grande harmonie, qui soit disponible de stock et labellisé FSC ou PEFC. Initialement, nous pensions au robinier, une essence présentant un avantage écologique certain puisqu’européenne, mais nous avons abandonné cette piste en raison du manque d’unité des teintes. Les façades et le plancher de la terrasse ont finalement été réalisés en ipé. ‘
Pour le bardage, les planches de terrasse ont été coupées dans leur largeur en 3 parties égales de sorte à obtenir un effet de relief et d’ombrage, avec un léger biseau des faces supérieures et inférieures pour assurer un bon écoulement de l’eau. Autour des fenêtres de la façade avant, de grands encadrements en cèdre naturel servent de protections solaires tout en l’agrémentant.
Nominé au prix belge de l’énergie 2012 dans la catégorie ‘ecobuilding award’ et retenu au concours ‘bâtiments exemplaires’ 2011, ce projet illustre de maître manière que la réflexion menée est porteuse pour les standards du futur. Non seulement écologiquement mais également économiquement. Et ce sans concessions. Quant aux détracteurs qui argumenteraient sur les difficultés du chantier pour les entrepreneurs, sachez que l’entrepreneur retenu pour ce projet n’avait encore aucune expérience dans la construction passive et que le chantier s’est déroulé sans accroc.
Architecture : Ariade Architectes, Christian Bayet, www.ariade.net
Bureau d’études en performance énergétique: Ariade Carbone, Muriel De Lathouwer
Prix : 1620 €/m2
Bureau Ariade
Christian Bayet - Chaussée de Bruxelles, 94B | 1410 Waterloo
T. 02/346 31 37
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